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Interopérabilité des bornes de recharge : tout comprendre !

L’interopérabilité permet l’interconnexion entre différents réseaux de bornes publiques. Ainsi, un opérateur de recharge peut se connecter à d’autres réseaux via des plateformes itinérantes, ou par accord direct avec d’autres opérateurs.

Mais entrons davantage dans le détail de l’interopérabilité pour mieux comprendre son fonctionnement.

Qu’est-ce que l’interopérabilité des bornes de recharge ?

L’interopérabilité peut se traduire par l’interaction des opérateurs. Plus explicitement, elle consiste en l’interconnexion des points de charge gérés par des opérateurs de réseaux différents. Là où chacun peut gérer son réseau de bornes de recharge en autonomie, l’interopérabilité oblige les opérateurs à participer au maillage cohérent du territoire, pour une répartition plus homogène, et la possibilité d’utiliser l’ensemble des bornes du réseau public.

L’interopérabilité vise à décloisonner les réseaux de recharge publique. Prenons un exemple : Métropolis est l’opérateur qui a implanté quelques milliers de bornes de recharge au sein de la Métropole du Grand Paris. Les utilisateurs au sein du Grand Paris peuvent profiter de ce réseau public. En s’abonnant au réseau, ils peuvent prétendre à un tarif dégressif de la recharge. L’électromobiliste francilien qui décide de rejoindre le Sud de la France en véhicule électrique va rencontrer des bornes de recharge tout au long de son itinéraire, mais pas celles du réseau Métropolis. La question se pose donc : comment charger son véhicule ? C’est là tout l’objectif de l’interopérabilité, qui va permettre à un utilisateur du réseau Métropolis, de pouvoir se connecter à des bornes issues d’autres réseaux via son badge habituel, sans inscription supplémentaire.

Qu’est-ce qu’un opérateur ?

On distingue deux types d’opérateur. Il y a l’opérateur de bornes, aussi appelé opérateur d’infrastructures de recharge, comme TotalEnergies, Izivia, MobilyGreen, Blue Solution, Driveco, et d’autres encore, qui implante, développe, et gère son réseau de bornes de recharge. Il y a également l’opérateur de mobilité, comme Chargemap, Plug Surfing, Freshmile, Shell, KiWhipass, ou d’autres encore, qui est chargé de gérer l’accès à la recharge, en surfant sur l’interopérabilité pour renseigner sur l’ensemble du réseau de bornes. Ici, c’est l’opérateur de recharge qui est concerné par l’interopérabilité. L’opérateur de mobilité ne propose qu’un outil pratique pour profiter de l’interopérabilité.

Les opérateurs de bornes et de mobilité proposent différents moyens d’activer et de payer sa recharge sur une borne publique :

  • Une application Smartphone : Elle permet de payer sa recharge par carte bancaire, comme un achat en ligne. Elle est à télécharger, notamment lorsque l’utilisateur ne dispose pas de badge;
  • Un badge de recharge : Il s’agit d’une carte RFID à scanner sur la borne. Le paiement est plus facilité, mais nécessite un abonnement payant, qui reviendra parfois plus cher à la recharge, selon l’usage du réseau public;
  • Le paiement immédiat par carte bancaire : Les bornes qui proposent ce mode direct de paiement sont plus rares. Elles représentent environ 5 % de l’ensemble des bornes publiques de recharge. Pourquoi ? Parce que l’opérateur qui implante la borne doit y intégrer un système de reçu papier ou numérique, et payer des commissions à chaque recharge;
  • Le Plug & Charge : Disponible sur les bornes intelligentes les plus modernes, cette fonction dispense l’utilisateur de badge ou de carte bancaire. Le simple fait de brancher son véhicule à la borne va permettre l’identification de l’utilisateur, qui devra donc être inscrit au préalable au service Plus & Charge.

L’interopérabilité définie par l’interconnexion

L’interopérabilité va plus loin que la simple compatibilité des réseaux. En effet, elle suppose la possibilité de communication entre les bornes et entre les systèmes de gestion. Pour que les bornes soient interconnectées, elles doivent disposer d’une technologie intelligente, leur permettant d’envoyer des informations à des plateformes de réseau. Par le biais des applications dédiées, elles peuvent donc transmettre des informations quant à leur disponibilité, leur puissance maximale de charge, le tarif de la recharge en temps ou au kilowatt consommé, leur localisation, etc.

L’interopérabilité s’inscrit donc parmi les technologies de Smart charging. Quel est ce concept ? Le Smart charging désigne l’ensemble des technologies visant à optimiser la charge ou la décharge des véhicules électriques, en gérant la recharge du véhicule de façon efficace, flexible et économique.

L’interopérabilité : une obligation imposée aux opérateurs

Depuis 2017, décidée par décret, l’interopérabilité des bornes de recharge publiques est obligatoire. Cela signifie que les opérateurs ont l’obligation d’ouvrir leurs réseaux à tout autre acteur qui en ferait la demande, quel qu’il soit. Depuis 2021, les opérateurs qui refusent de s’y conformer peuvent se voir appliquer une amende administrative.

Pour compléter les nouvelles règles imposées par le décret de 2017, relatif aux infrastructures de recharge pour véhicules électriques et portant diverses mesures de transposition de la directive européenne sur le déploiement d’une infrastructure pour carburants alternatifs, ajoutons qu’il est depuis obligatoire aux opérateurs de proposer une possibilité de recharge même si l’électromobiliste n’a pas de badge, autrement dit n’a pas souscrit d’abonnement au réseau. Le paiement doit donc être rendu possible à l’acte, par carte bancaire, par QR Code, ou par application mobile.

L’objectif de cette obligation est de faciliter l’accès aux bornes publiques au plus grand nombre, sans contraindre l’utilisateur à souscrire un quelconque abonnement. La finalité reste toujours celle de lever les freins au développement du véhicule électrique. Et puis après tout, l’essence ou le diesel sont bien vendus à l’acte, qu’il s’agisse d’une station Elf, Total, Leclerc, ou autre. Alors pourquoi l’électricité serait-elle conditionnée à un abonnement ?

Quels sont les avantages de l’interopérabilité ?

L’interopérabilité a été rendue obligatoire depuis que les batteries des véhicules électriques disposent d’une autonomie qui leur permet désormais d’envisager de plus longs trajets. L’interopérabilité présente les avantages suivants.

Une réponse aux nouveaux usages des électromobilistes

Nous le disions, les véhicules électriques disposent désormais d’une autonomie suffisante pour réaliser plusieurs dizaines ou centaines de kilomètres, ce qui en a modifié l’usage. Le véhicule électrique qui était encore hier considéré comme la citadine des petits trajets, devient désormais la berline des longs trajets, à l’instar des modèles Tesla par exemple. L’interopérabilité permet donc de planifier son itinéraire, sans se soucier de l’opérateur gestionnaire des bornes rencontrées sur le trajet.

La localisation simplifiée des bornes de recharge

Grâce aux opérateurs de mobilité, et après accord financier avec les opérateurs de recharge, les applications dédiées permettent de localiser les bornes interopérables, mais aussi de connaître leur état de disponibilité, la puissance délivrée, la compatibilité, le tarif appliqué, etc.

Des déplacements européens facilités

L’interopérabilité s’étend au-delà des seules frontières nationales. En effet, les bornes sont également identifiables à l’échelle européenne. Pour les déplacements professionnels comme personnels, c’est l’assurance d’un trajet serein.

Une facturation groupée

L’usage de bornes interopérables est facturé par le gestionnaire de l’abonnement, ou payé directement sur place. Prenons un exemple : Il y a une borne de l’opérateur A, une borne de l’opérateur B, et une borne de l’opérateur C, et les trois sont interopérables entre elles. Si un utilisateur dispose d’un abonnement A, l’utilisation des bornes B et C seront facturées par l’opérateur A. Il en sera de même pour l’utilisateur qui dispose d’un abonnement B, et idem pour C. On peut donc considérer, en quelques sortes, que la concurrence entre opérateurs est biaisée au profit de l’utilisateur.