La puissance d’un compteur électrique correspond à la puissance maximale que le compteur est capable de délivrer.
Elle doit permettre de supporter la consommation de tous les appareils électriques de l’habitation, à supposer qu’ils fonctionnement simultanément. Qu’en est-il avec l’installation d’une borne de recharge ? Comment savoir s’il faut adapter la puissance de son compteur électrique ? On vous explique.
Mieux comprendre la puissance d’un compteur électrique
On établit la puissance d’un compteur électrique en kVA (kilo voltampère). Pour mieux comprendre, explicitons les trois composants basiques en génie électrique : les ampères (A), les watts (W) et les volts (V), qui sont des unités électriques qui mesurent respectivement l’intensité, la puissance, et la tension électrique :
- L’ampère est l’unité d’intensité du courant électrique, soit la quantité d’électricité qui passe dans un circuit par unité de temps. Concrètement, plus il y a d’appareils raccordés sur une même ligne au tableau électrique, plus elle doit transporter d’ampères. Dans le cas contraire, l’installation disjoncte;
- Le watt indique la puissance nécessaire à un appareil électrique pour fonctionner. On utilise plus généralement le kilowattheure (kWh = 1 000 W/heure) qui est une unité de mesure de la consommation. Ainsi, un appareil de 1 000 W fonctionnant pendant 1h consommera 1 kWh. On obtient les kW en multipliant l’intensité (ampères) par la tension (volts), qui se traduisent en kilovoltampères (1 kVA = 1 kW);
- Le volt mesure la tension du courant électrique. Si l’on devait le comparer au secteur hydraulique, on pourrait l’assimiler à la pression de l’eau. Plus le courant passe dans le fil électrique, plus la tension est élevée. Une batterie automobile aura une tension électrique pouvant aller jusqu’à 12V.
Pour en finir des descriptions, le courant alternatif monophasé est un courant constitué d’une seule phase électrique avec deux câbles : le câble conducteur et le câble neutre. Il s’oppose au courant triphasé qui est trois fois plus puissant. On peut penser que le triphasé est meilleur, et c’est objectivement probablement le cas bien qu’il soit plus coûteux, mais sachez que la plupart des logements particuliers disposent d’un courant monophasé pour une consommation d’énergie classique.
Les différentes puissances d’un compteur électrique
Le choix de la puissance du compteur électrique dépendra principalement de la superficie du logement, du mode de chauffage et du nombre d’appareils électriques énergivores :
- Une puissance de 3 kVA : Elle est adaptée aux studios et logements d’une superficie inférieure à 50 m², dont le chauffage et la production d’eau chaude sont assurés par une autre source d’énergie que l’électricité. Accessible uniquement en courant monophasé, elle correspond à 15 A;
- Une puissance de 6 kVA : Elle est adaptée aux logements d’une superficie inférieure à 80 m², chauffés à l’électricité et équipés de deux gros appareils électroménagers tout au plus, ou davantage si le logement n’est pas chauffé à l’électricité. Elle correspond à 30 A en monophasé, et 10 A en triphasé;
- Une puissance de 9 kVA : Elle convient aux logements de plus de 80 m², dont le chauffage et la production d’eau chaude sont électriques. Elle correspond à 45 A en monophasé, et 15 A en triphasé;
- Une puissance de 12 kVA : Elle convient aux logements de plus de 100 m², chauffés à l’électricité et disposant d’équipements électriques particulièrement énergivores (piscine, pompe à chaleur, ou borne de recharge puissante). Elle correspond à 60 A en monophasé, et 20 A en triphasé.
D’autres puissances sont disponibles jusqu’à 36 kVA, mais celles précitées sont les plus communément souscrites chez les particuliers.
Quel risque en cas de puissance trop faible du compteur électrique ?
Si la puissance du contrat d’électricité, donc du compteur, est trop faible, le risque est que le réseau sature lorsque plusieurs équipements sont en fonctionnement simultanément, ce qui fera alors sauter le disjoncteur qui coupera l’alimentation. Le disjoncteur assure une fonction de protection. Il se met en sécurité et saute en cas d’incident ou de surcharge électrique. Si cela se produit exceptionnellement, il n’y a pas d’inquiétude particulière à avoir. En revanche, si le disjoncteur saute régulièrement, c’est que la puissance délivrée du compteur n’est pas suffisante pour alimenter quotidiennement les besoins de l’habitation. Il suffira alors de solliciter le fournisseur d’énergie pour demander à augmenter la puissance du compteur. Selon le type de compteur, l’opération peut être réalisée à distance, souvent sous 24 à 48 heures, ou bien nécessiter l’intervention d’un technicien sur place.
Alors quelle puissance de compteur choisir pour installer sa borne de recharge ?
Vous l’avez compris, sans surprise, la borne de recharge se trouve raccordée au compteur électrique de l’habitation. Aussi, plus elle est puissante, plus elle consomme d’énergie, plus il faudra s’assurer de l’adaptation du compteur pour éviter tout risque de surcharge. Puisque 1 kVA = 1 kW, voici les 4 puissances de bornes de recharge que peut installer un particulier à son domicile, et le contrat minimum d’électricité qu’il devra souscrire :
- Une borne de 3,7 kW (environ 20 km d’autonomie récupérée par heure de charge) nécessitera une puissance de compteur électrique minimale de 6 kVA;
- Une borne de 7,4 kW (environ 35 km d’autonomie récupérée par heure de charge) nécessitera une puissance de compteur électrique minimale de 9 kVA;
- Une borne de 11 kW (environ 65 km d’autonomie récupérée par heure de charge) nécessitera une puissance de compteur électrique minimale de 12 kVA;
- Une borne de 22 kW (environ 110 km d’autonomie récupérée par heure de charge) nécessitera une puissance de compteur électrique minimale de 24 kVA.
Précisons bien que la majorité des particuliers dispose d’un courant électrique monophasé. Les puissances de compteur de 3 à 12 kVA sont disponibles en monophasé. Les puissances de 9 à 36 kVA sont disponibles en triphasé, mais ce courant est généralement réservé à un usage professionnel. Le contrat d’électricité coûte évidemment bien plus cher, pour une utilisation généralement peu nécessaire.
En installant sa borne de recharge, il est recommandé d’augmenter son contrat à la puissance supérieure, soit de passer de 3 à 6, ou de 6 à 9 kVA si la recharge du véhicule se fait principalement la nuit, et d’augmenter plutôt de deux puissances, soit de 6 à 12, de 9 à 15, ou de 12 à 18 kVA si la charge du véhicule s’effectue plutôt en journée, lorsque d’autres appareils électriques fonctionnent également.
Quel est le coût à associer à une augmentation de puissance du compteur électrique ?
Le prix du kWh reste le même, qu’il s’agisse d’une borne en courant monophasé ou triphasé. En 2023, en heures pleines, le kWh sera facturé environ 0,21 €. En revanche, à la consommation s’ajoutera le coût de l’abonnement annuel, qui pour un contrat de 3 kVA avoisinera les 110 €, contre 144 € pour 6 kVA, 180 € pour 9 kVA, 216 € pour 12 kVA, 307 € pour 18 kVA, 445 € pour 30 kVA, ou encore 513 € pour 36 kVA.
Vous l’aurez compris, augmenter son contrat d’électricité pour sa borne de recharge entraîne un coût annuel non négligeable. D’autres alternatives peuvent être envisagées, au cas par cas, selon le logement et les autres appareils électriques à alimenter.
Comment veiller à respecter une puissance de compteur électrique limitée, sans risque ?
Augmenter son contrat d’électricité pour disposer d’une puissance supérieure avec l’installation d’une borne de recharge n’est pas toujours une opération judicieuse. Parfois, elle s’impose évidemment, mais d’autres fois, il suffit plutôt d’adopter de bonnes pratiques d’usage pour limiter la consommation électrique.
- Limiter la veille des appareils : En veille, les appareils électriques consomment toujours de l’énergie. Cette consommation cachée d’électricité est liée à l’interrupteur qui est généralement situé après le transformateur. C’est le transformateur, branché en permanence, qui consomme de l’énergie : le courant résiduel continue de circuler, même si l’appareil est éteint. La veille représenterait plus de 10 % de la consommation électrique moyenne des Français. Chaque foyer compte entre 15 et 50 appareils en veille à son domicile. En cumulé, la puissance totale de ces appareils en veille dépasserait souvent les 50 watts. C’est donc un moyen simple d’abaisser sa consommation quotidienne pour éviter de devoir augmenter son contrat;
- Opter pour un délesteur : Pour éviter les coupures de courant dues à une surconsommation, sans augmenter la puissance délivrée par son compteur électrique, il est possible d’installer un délesteur électrique. Il se place directement sur le tableau électrique, pour privilégier certains circuits présélectionnés, notamment aux heures de haute consommation électrique. C’est une forme de priorisation des appareils en cas de réseau saturé. La borne de recharge peut donc être délestée pour ne pas être alimentée lorsque d’autres appareils énergivores sont en fonctionnement;
- S’équiper d’une borne à énergie solaire : La borne de recharge solaire ne peut fonctionner sans une installation photovoltaïque. C’est-à-dire qu’une borne à énergie solaire est nécessairement reliée à des panneaux solaires qui vont emmagasiner l’énergie pour la restituer au véhicule électrique. Elle présente l’avantage de proposer une énergie verte, gratuite, inépuisable, de la valeur ajoutée à l’habitation, la possibilité de revendre l’énergie inutilisée, et d’optimiser le réseau et la consommation de l’habitation en stockant l’énergie sur une batterie secondaire;
- Choisir une borne de recharge intelligente : La charge intelligente, ou smart charging, consiste à optimiser la charge des véhicules électriques par une gestion intelligente de l’énergie délivrée. La gestion intelligente de l’énergie se vérifie par le fait de pouvoir alors gérer la quantité d’énergie à envoyer à un véhicule branché. En résumé, la borne autorégule sa puissance comme l’aurait fait un délesteur.
Au-delà de ces astuces qui peuvent d’ailleurs être employées en dehors de toute installation de borne de recharge, pour user d’une consommation plus raisonnée et responsable, précisons également que le besoin de charge du véhicule sera un point à étudier, selon la capacité de sa batterie et l’utilisation faite du véhicule.
La puissance acceptée par le véhicule électrique ou hybride rechargeable
D’abord, la batterie du véhicule devra être en adéquation avec la puissance de la borne de recharge. Celle-ci est en capacité d’absorber une puissance maximale de courant alternatif qui peut aller de 2,3 kW pour les moins puissantes comme un Citroën Berlingo ou bien un Peugeot Partner, jusqu’à 22 kW pour celles qui disposent d’une batterie plus optimale, comme c’est le cas de la Renault Zoé ou de la Tesla. Inutile donc de faire installer une borne de recharge trop puissante si la batterie n’est pas en capacité d’absorber toute cette énergie.
Le besoin de charge de son véhicule
Entre deux cycles de charge, le véhicule électrique pourra parcourir entre 100 et 600 km, selon sa performance et sa capacité de stockage. Mais en réalité ici, ce n’est pas en unités de temps que le calcul doit s’opérer, mais en rapport à l’utilisation du véhicule. On estime que la distance quotidienne moyenne des déplacements en véhicules électrique est inférieure à 30 km par jour. Cela démontre que le véhicule électrique reste encore principalement destiné aux petits trajets quotidiens, domicile-travail, domicile-école, ou domicile-commerces. Dans ce cas, il ne sera pas nécessaire de recharger tous les jours son véhicule. Une charge tous les deux à trois jours suffit en général, ou de petites charges durant la nuit, sans augmenter son contrat d’électricité.