Electricien IRVE

En entreprise, faut-il installer des bornes DC, AC ou les deux ?

Les besoins des entreprises en termes de charge des véhicules électriques, sont souvent bien plus complexes à satisfaire que chez les particuliers.

Ils concernent généralement plusieurs types de véhicules, plusieurs types d’utilisation, avec un budget non extensible, toute démarche pro-écologique gardée. L’une des questions à trancher pour l’entreprise est celle du type de bornes, AC ou DC, à installer ? Pour les y aider, voici une présentation de leurs propriétés et de leurs différences.

Bornes DC, bornes AC : mais de quoi parle-t-on ?

Les sigles « AC » et « DC » ne désignent pas la borne, mais la forme du courant électrique qu’elle envoie. « AC » signifie « Alternating Current », traduit courant alternatif, et « DC » signifie « Direct Current », traduit courant continu. Pour vulgariser ces termes de la manière la plus synthétique qu’il soit, disons que le courant électrique existe sous deux formes : le courant alternatif dont les électrons changent de sens régulièrement à fréquence très élevée, et le courant continu dont les électrons circulent tous dans le même sens. Le courant alternatif est celui qui arrive à nos prises domestiques. Pourquoi ? Parce qu’il est bien plus stable que le courant continu, plus facile à transporter, et à transformer sans déperdition.

Alors comment choisir entre une borne AC ou une borne DC ? Et bien sachez que le véhicule électrique ne peut stocker que du courant continu. C’est pourquoi chaque véhicule est équipé d’un convertisseur, qui interfère entre la borne et la batterie. Vous l’aurez compris, si la borne envoie du courant continu, le convertisseur n’intervient pas, mais si elle envoie du courant alternatif, alors le convertisseur convertit le courant alternatif en courant continu.

La différence entre les deux types de borne : la puissance de la charge. Explication : La borne AC transmet du courant alternatif. Le convertisseur du véhicule effectue la conversion du courant en continu, pour alimenter la batterie. Ce type de borne ne pourra transmettre qu’une puissance de 43 kWh au maximum. Quant à la borne DC, elle reste branchée au même système électrique, donc reçoit également le courant alternatif. En revanche, plutôt que de laisser le convertisseur du véhicule transformer le courant alternatif en courant continu, c’est elle-même qui va s’en charger. C’est pourquoi, par sa technologie bien plus poussée, elle parvient à transmettre un débit bien plus élevé, pour une recharge dite rapide ou ultra-rapide, allant de 50 à 350 kW.

Comment choisir son installation de recharge, AC ou DC ?

Quel type de borne installer en entreprise ? Pas de réponse universelle ou standard à cette question. Vous l’aurez compris, avec la borne AC, donc en courant alternatif, les électrons changent de direction en permanence, alors qu’avec la borne DC, donc en courant continu, les électrons ne circulent que dans un même sens, d’où ce débit de charge bien plus élevé. Mais alors comment choisir la borne idéale ? Le choix dépendra de plusieurs facteurs, propres à chaque entreprise.

Choisir selon la destination des bornes et leur utilisation

Le choix dépendra avant tout de leur finalité. Sont-elles installées en entreprise à destination de la clientèle ? A destination du personnel ? A destination des véhicules de l’entreprise ? A destination des partenaires ? Voire même en accès libre ? C’est un bon moyen d’apporter de la visibilité, c’est une démarche à étudier en termes de rentabilité. Voici une estimation des temps de charge :

  • Une borne de 7 kW rechargera 35 km par heure,
  • Une borne de 11 kW en rechargera 65,
  • Une borne de 22 kW en rechargera 110, toujours en 1 heure,
  • En revanche, une borne de 50 kW rechargera 100 km par ¼ d’heure,
  • Une borne de 100 kW en rechargera 150,
  • Une borne de 175 kW en rechargera 240,
  • Une borne de 250 kW en rechargera 350,
  • Une borne de 350 kW en rechargera plus de 480.

Evidemment, plus la puissance augmente, plus le coût est élevé. Il faut donc choisir le bon compromis entre la puissance et le coût, que l’on trouvera probablement en s’intéressant au besoin réel de l’entreprise. Les véhicules à charger sont-ils des véhicules qui circulent sur le réseau routier à longueur de journée ? Sont-ils des véhicules mis à disposition du personnel en cas de rendez-vous extérieur, donc moins utilisés ? L’utilisation et le besoin de roulement et de disponibilité des véhicules seront les réponses à trouver pour faire le bon choix entre une borne AC ou une borne DC.

Choisir selon son budget

Une borne AC, en moyenne de 22 kW (en réalité entre 3,7 et 43 kW), avoisinera les 1 000 à 2 000 € selon la technologie dont elle dispose. Les bornes DC, entre 50 et 350 kW, sont bien plus onéreuses. D’abord parce qu’elles contiennent un convertisseur de courant, ce qui les rend plus imposantes également, mais aussi parce qu’elles disposent d’une technologie plus poussée. Aussi, les coûts de production, d’installation et de fonctionnement de la borne sont plus élevés. Le raccordement au réseau électrique nécessite une étude et des travaux de génie civil et génie électrique que seuls des installateurs expérimentés et surqualifiés peuvent installer. A ces coûts « standards » viendront s’ajouter ceux relatifs à la marque de la borne, et aux options complémentaires choisies. La borne DC avoisinera les 5 000 et jusqu’à 50 000 € pour les plus puissantes. Clairement, la performance se paye !

Choisir selon le type de véhicules à charger

Chaque véhicule dispose d’une capacité de charge maximale différente. La capacité maximale correspond au pic maximal que peut atteindre la charge. Il ne peut donc pas être atteint au quotidien, pour l’ensemble des charges. La recharge ultra-rapide doit être ponctuelle, plutôt en système d’appoint. Toutefois, s’il s’agit d’utilitaires ou de véhicules plus lourds, elle peut être parfaitement adaptée. Tout dépendra de la capacité d’accueil du véhicule, et du convertisseur. Les bornes dites intelligentes peuvent adapter la puissance délivrée à la capacité d’accueil du véhicule.

Pour conclure, le choix devra se faire au cas par cas, selon l’activité de l’entreprise, son besoin réel de charge des véhicules, sans parler de la possible mise en interopérabilité des bornes, ou encore de la facturation de la charge si elle est accessible librement. Il pourra être judicieux d’installer quelques-unes de chaque d’ailleurs. Pourquoi ne pas envisager des bornes AC principalement, et une à deux bornes DC pour les besoins immédiats. Charge à chaque entreprise d’évaluer le rapport besoin / budget / capacité des véhicules.

Par qui faire installer sa borne en entreprise ?

Seul un électricien qualifié IRVE est habilité à intervenir sur l’installation d’une borne de recharge. La qualification IRVE (Infrastructure de Recharge pour Véhicule Electrique) est attribuée par un organisme national certificateur aux électriciens ayant suivi une formation certifiante, à la fois théorique et pratique, à l’installation des systèmes de recharge. Leur niveau d’expertise leur apporte des compétences spécifiques, tant dans l’installation sécuritaire qu’à l’utilisation conforme de l’appareil, ainsi que dans la détection d’anomalies.

La qualification IRVE une qualification d’entreprise qui se décline en 5 domaines, dont un sur l’étude de conception de l’infrastructure de recharge, trois autres sur son installation, et un dernier sur sa maintenance. Intéressons-nous aux trois niveaux d’installation, dont la technicité sera évolutive :

  • Le niveau 1 : la formation de base. Cette formation est indispensable à l’installation de borne de recharge pour véhicule électrique. Indispensable mais basique, elle ne forme pas à la configuration spécifique pour les bornes communicantes et la supervision ;
  • Le niveau 2 : la formation Expert. Comme souvent sur l’entre-deux, c’est le bon compromis pour l’électricien qui souhaite pouvoir installer des bornes de recharge auprès d’un large panel de prospects. Comme pour le niveau 1, la formation Expert apprend les bases de l’installation des bornes de recharge allant jusqu’à 22 kW, ce qui est le plus fréquent, en intégrant la formation à la configuration des bornes communicantes et de la supervision de station ;
  • Le niveau 3 : la formation à la recharge rapide. Comme la précédente, elle offre des connaissances et compétences expertes sur l’installation de bornes de recharge avec technologie de pointe. Son + : Elle forme aux bornes de recharge de plus de 22 kW, soit aux installations des plus efficaces en terme de rapidité de charge.

L’entreprise qui fera intervenir l’installateur IRVE devra donc s’assurer qu’il dispose de la certification de niveau 3 si elle souhaite s’équiper de bornes de recharge ultra-rapides (DC). Aussi, si la borne coûte plus cher, l’installation également. Evidemment, le savoir se monnaye, et la technicité de ce type de borne requiert l’intervention d’un professionnel aguerri.

Les aides incitatives dédiées aux entreprises

Les entreprises peuvent bénéficier de six aides différentes du programme Advenir, selon la destination, l’implantation, et la puissance des systèmes de recharge. Le programme Advenir a été créé en 2016 pour accompagner l’installation de bornes de recharge pour véhicule électrique sur l’ensemble du territoire français. Financé par le dispositif des certificats d’économie d’énergie (CEE) de l’Etat, il vise à inciter et favoriser le développement de la mobilité propre en proposant 11 types de primes différentes.

Comme les collectivités, les entreprises devront s’équiper de plusieurs systèmes de recharge sur parking privé, à puissance suffisante pour des recharges rapides, d’où un subventionnement plus important :

  • Une infrastructure pour la flotte d’entreprise et les véhicules des salariés : Le programme Advenir prendra alors jusqu’à 20 % du coût de fourniture et d’installation d’une IRVE, dans la limite de 600 € HT par équipement ;
  • Une infrastructure pour la flotte de véhicules poids lourds de l’entreprise : L’aide Advenir sera alors de 60 % du coût de l’IRVE, plafonnée entre 2700 et 960 000 € HT par point de charge. Notons que les poids lourds rechargeables nécessitent une puissance de charge extrêmement importante et une installation particulièrement technique ;
  • Une infrastructure accessible au public sur le parking privé de l’entreprise : Comme sur l’espace public, l’aide Advenir sera de 50 % du coût de l’IRVE, plafonnée entre 1700 et 15 000 € HT par équipement, selon la puissance choisie ;
  • Une infrastructure accessible au public de faible puissance : Dans ce cas, 50 % de l’IRVE seront pris en charge par l’aide Advenir, dans la limite de 1700 à 2200 € HT par équipement ;
  • La modernisation des IRVE existantes: Comme pour les collectivités, les entreprises déjà équipées de systèmes de recharge déclarés obsolètes peuvent bénéficier d’une aide Advenir équivalent à 80 % des frais de modernisation, plafonnée de 1700 à 7000 € HT par point de

Evidemment, l’ensemble de ces aides est soumis à l’attestation d’intervention d’un installateur certifié IRVE. D’ailleurs, les démarches administratives pour y prétendre étant relativement fastidieuses et rapidement sujettes à erreur, l’installateur IRVE labellisé proposera souvent de les prendre en charge. Même s’il répercute évidemment cette aide aux démarches sur le montant de sa facture d’intervention, il sera judicieux de lui confier la charge de réaliser la demande en bonne et due forme, sauf si les e-démarches ne sont pas un secret pour vous !

Ajoutons pour finir que les entreprises peuvent également profiter du bonus écologique et de la prime à la conversion pour l’acquisition d’utilitaires électriques, pouvant aller respectivement jusqu’à 7 000 et 9 000 €, tous deux dans la limites de 40 % du coût d’acquisition du véhicule.